Extraits de : « Dans la brûlure des jours »
nous avions dis-tu peuplé des châteaux de sables d’herbes et de vents habité des soleils mordu aux raisins de toute nuit et cru sous un ciel d’étain être passeurs d’éternité ! Mais la main a passé sous les ciels et la pluie sur nos visages défait notre certitude nos têtes recourbées sur le sol maudissent nos mains sans étoiles Nous sommes si proches du néant !
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Par delà nos mains qui se frôlent, nos sexes s’abîment dans l’abîme des chairs
de notre temps passant |
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Tu cherches la source et le bleu |
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Comme des mains froides
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Tu marches vers celle qui t'enterre
et dépose un baiser sur ton silence vers celle qui retient la lumière de tes yeux la mémoire de tes terres retient la mort contre ton sein blanc ses mains pleines d’étoiles de tes soleils mourants et du bleu de tes ciels passés sur d’autres rivages que les siens retiennent ta folie comme un éclair sur les étés du futur puis lampe basse elle souffle la parole enclose dans ton cri fragile pour accueillir la longue nuit de ta mémoire tu marches vers celle qui n’existe pas mais dont la lumière s’est faite flamme au délié de tes paroles obscurs tracés sur ce chemin où des oiseaux solitaires inscrivent sur tes lèvres
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Friables tes mains sur mon ombre et ton ombre dans mes yeux de sable peu à peu tu réapprends le geste lent du fossoyeur et je me fais silences lentement, contre ma bouche, je te murmure et tu te fais muette nos châteaux d’enfance n’abritent que l’éclair des orages passés Qui es-tu dans l’infini de nos visages qui es-tu lorsque nos chants s’éloignent ? voleur de soleils que j’ai portés en toi, je m’immobilise au versant de mon ombre, l’impossible lueur
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Quelle main prolonge l’infini des terres derrière la toile l’irrésolu du monde affleure et veille torrentiel, silencieux tel un cri qui porte le geste créateur du peintre au-delà de la toile tel l’éclair en son écrin de nuit et du grenier muet de notre enfance jusqu’aux hanches musicales du ciel ce qui n’est pas dit ce qui n’est pas écrit effleure le terrestre nos mots seront des mains, nos paroles seront peintres dans le regard qui vient au monde l’infini déjà, Comme une étoile qui gît dans le froid de la pierre
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Parfois nos paroles diront |
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Le poète a transfiguré l’oiseau, y a gravé des aubes, des nuits sculpté la course des saisons aux mains pleines d’argile une émotion s’y est couchée et palpite le ciel quels regards ont créé le réel quand aujourd’hui un soleil dans le vide brûle quels dieux plus morts que notre foi ont dessiné le monde et couvé la parole dans la pierre muette Quel poème (invisible caresse) glisse des mains de l’enfant mourant et sème la parole du vieillard |
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Extraits de « Chemins naissants » |
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Moi, l’aliéné le fou qui n’ai pas su aimer l’amourcomme j’aime la pierre muette sous l’eau vive La terre sous le gel des saisons Moi l’illusoire infini L’ombre sans le soleil la clarté vaine, aveuglante sans même le vestige d’un bleu que ton ciel printamnier a fait naître Ce ciel en moi tout ce ciel vide aujourd’hui cette demesure privée de l’éclair de ton rire du froissement de nos corps d’hier et moi le froid le très froid en moi sans toi, mes mains gelées qui cherchent le fruit et l’or sous la pierre sous l’eau vive, ton visage tes lèvres moi la terre qui pénètre la terre, qui entre dans l’antre de mes jours moi sans toi |